15 décembre 1985

Magrittation

Les vagues sous la pierre forment un nuage qui emplit le ciel d'une pluie grise. Cet orage évoque la tristesse sans ta beauté.

Lumière dans le silence, pureté de ce monde, où je rêve d'évasion, où souffle dans l'air un vent de liberté qui angoisse les Hommes, qui crée un univers rouge, où la lumière du mystère provoque une envie, un désir fantastique de la découverte fatidique d'une superbe créature envoutant les êtres sans imagination, angoissant les penseurs.

Dans ce monde irréel, le bruit des vagues qui caressent avec douceur le sable de cette plage que dore le soleil, l'envie de te voir, le mystère de ton existence, imposent à mon âme une description d'un monde de tristesse où l'angoisse est un bonheur qui fait rêver au paradis utopique.

Ce délire devient folie de te trouver sans recherche. Cette quette d'un nuage à la poursuite de la pluie donne l'eau de la vie à la pierre de la mort. La noyade, par l'écume, du poisson, évoque le désir de la faim d'un amour voué à cette fin.


17 novembre 1985

Question de logique

Vous est-il déjà arrivé de vous poser la question "Est-ce que j'existe ?".

Moi oui, et suis arrivé à la conclusion "Je pense donc je suis". Mais aujourd'hui je me dis que si on mettait celle-ci à la forme négative "Je ne pense pas donc je ne suis pas", il y aurait un non-sens, puisque l'on pense (donc on est) que l'on ne pense pas (donc on n'est pas)...
Absurde, non ?

Donc, comment la pensée peut-elle exister si on pense qu'elle n'existe pas ? Même plus, comment peut-on penser que l'on ne pense pas ?

Il faudrait donc que la pensée ait un mode de pensée autre que la logique, puisque l'on raisonne illogiquement. Or, la première affirmation "Je pense donc je suis" repose sur la logique. Puisque la pensée est illogique,, il serait donc simple de dire que cette première affirmation, si elle est illogique, repose entièrement sur la première qui, elle, est logique. Et si la première est fausse, la seconde n'a aucun sens, aucune raison d'être, logiquement...

La pensée serait donc logique et illogique en même temps ? Comment tracer les limites ?

J'en retiens donc que j'existe, ou n'existe pas, ou les deux... Totalement illogique, que la pensée est logique, ou logique et illogique...

Serions-nous séparés en deux être dont l'un pense logiquement, donc existe ; et l'autre pense illogiquement, donc ne pense pas et n'existe pas ?

Je pense donc qu'il vaut mieux, si on ne veut devenir fou, ne pas penser à la pensée et penser sans y penser.

Et surtout, laisser la question de départ en continuel suspens...

24 octobre 1985

Si j'étais

Ton corps

Si j'étais feu
Je le brulerais

Si j'étais eau
Je le noierais

Si j'étais boue
Je le salirais

Si j'étais ronce
Je le déchirerais

Si j'étais arbre
Je l'écraserais

Si j'étais sable
Je l'enliserais

Si j'étais neige
Je le glacerais

Mais je ne suis qu'Homme
Alors je l'aime et le désire.

24 septembre 1985

L'homme et le navire

Un enfant né
Un bateau est mis à l'eau
L'enfant grandi
Le bateau vogue
Mais l'enfant parfois tombe malade
Et le bateau risque de sombrer
Un jour l'enfant devient homme
Ce même jour le bateau devient navire
L'homme rencontre une femme
Le navire vogue avec une caravelle
Un enfant né
Une chaloupe est mise à l'eau
Un jour l'homme quitte la femme
Et le navire se sépare de la caravelle
Lorsque l'homme meurt
Le bateau s'échoue
Que devient l'âme de l'homme ?
Que devient l'équipage du navire ?
Que vont-ils découvrir tous deux
Sur ce monde inconnu ?

Je me meurs

Je sens que la mort arrive
Pour me faire passer l'autre rive
À quoi bon résister
Puisque je dois m'en aller
Puisque mon heure est venue
Et qu'elle m'a attendue
Je dois avec elle partir
Et impossible de m'enfuir
Je me sens de moi-même sortir
Et je vois ma vie s'enfuir.

20 septembre 1985

La vie

Heureux l'oiseau qui vole
Tranquille dans un ciel d'azur

Heureuse la brebis qui boit
Dans l'eau si pure

Heureux le poisson qui nage
Dans le silence des profondeurs

Heureux le cheval qui court
Dans la campagne brumeuse

Mais malheureux l'homme qui souffre
De ne pas être aimé.

15 septembre 1985

J'hésite

Je suis heureux
Je suis amoureux
Et ce n'est pas un jeu

Mais qui ce sera ? Elle ou toi ?
Elle est brune, tu es blonde
Tu es petite, elle est grande
Tu es sérieuse, elle est insouciante

Vous êtes aussi différentes
Que le jour et la nuit
Vous deux être mes amantes ?
Mais l'une doit être choisie

Laquelle ? Toutes les deux je les aime
Mon dieu ! Quel dur dilemme
Gagner l'une, perdre l'autre
Et je n'en veux pas d'autre

Les prendre toutes les deux
Mais je ne peux !
Ah que je suis malheureux.

12 septembre 1985

Devant toi je perds mes moyens

À chaque fois que je te vois
Je cherche à rester maître de moi
Mais je perds mes moyens
Et par tous les moyens
Je cherche à me reprendre
Mais je me fais surprendre
Et mon cœur devient fou
J'aimerais te sauter au cou
Mais il faut me contenir
Et je ne peux finir
Ce que je voulais te dire
Je n'arrive pas a venir
Au vif du sujet
Car je suis ton sujet
Et je t'aime

10 septembre 1985

Pour toi

Comme le soleil des tropiques
Mon amour brille pour toi
Ma passion chante en moi
Comme les notes d'une musique

Pour posséder ton cœur
J'irais cueillir
Du monde toutes les fleurs
Au risque d'en mourir

Pour toi je changerai
La face du monde
Et toutes les sondes
Ne pourront rien déceler

Rien que mon amour ardent
Qui brûle
Comme aux premiers temps
Sans lune

01 septembre 1985

La femme idéale

Comment imaginer en ce monde sordide, une femme dont la beauté rendrait pâle la clarté solaire, dont la voix douce et mélodieuse me ferait paraître terne le chant matinal des oiseaux.

Peut-être qu'ailleurs, dans un autre monde, en un autre temps, celle-ci n'est plus le fruit de mon imagination, mais une réalité bien singulière parmi ses semblables.

Mais comment puis-je espérer un jour la rencontrer, la découvrir sous des apparences trop communes pour être vraies.

On dit que l'espoir fait vivre les imbéciles, et moi j'attends toujours ce moment mirifique.