18 avril 1980

Les moissons de la douceur, ou l'histoire d'un veau

Dans la vallée, un peintre maigre mais puissant arrache à coups de hache les côtes d'un veau ordinaire. Avec elles, il forge un monument curieux qui a la forme d'une chaussure femelle. Soudain, il s'envole.

Environ trente minutes plus tard, c'est la rentrée des classes. Chaque éléve va se mettre à obeir et à graver beaucoup d'angles et de relations avec des couteaux sur le gazon. Jusqu'au jour de congés, un maître heureux et maternel les garde. Il va les diriger, les former, les cultiver, les planter, les mélanger, les gronder, les battre et les broyer.

A ce spectacle, le veau partagé par le peintre est content. Il se répare et regagne le troupeau des six cent autres veaux. Leur vol puissant les soulève dans le ciel matinal où, sous les yeux du curé, ils sont désormais la neige éternelle de la paie infinie du Créateur.