12 juin 1980

Le coeur des poupées d'octobre

C'est l'aube. Sur le chemin rouge des vendredis, un homme et une femme tuent les pauvres poupées d'octobre aux costumes de vigne. Une de ces filles, par terre, lisait le journal du soleil, sa tête couchée sur le livre de la nature. Elle a peur de la mort, alors elle se cache dans le marbre de l'église. Mais elle ne peut retenir sa douleur : elle pleure.

Par bonheur, un aviateur de charme, encore un enfant, passe sur la route. Les plumes de sa bouche sont une cage où le sable des années devient l'écriture des chaleurs de l'été en fête.

Elle le voit et la foudre de l'amour passe par les cheminées de son coeur. Près de la croix, le bon curé et le facteur des jardins les entendent rire. Il est le premier de son coeur.

18 avril 1980

Les moissons de la douceur, ou l'histoire d'un veau

Dans la vallée, un peintre maigre mais puissant arrache à coups de hache les côtes d'un veau ordinaire. Avec elles, il forge un monument curieux qui a la forme d'une chaussure femelle. Soudain, il s'envole.

Environ trente minutes plus tard, c'est la rentrée des classes. Chaque éléve va se mettre à obeir et à graver beaucoup d'angles et de relations avec des couteaux sur le gazon. Jusqu'au jour de congés, un maître heureux et maternel les garde. Il va les diriger, les former, les cultiver, les planter, les mélanger, les gronder, les battre et les broyer.

A ce spectacle, le veau partagé par le peintre est content. Il se répare et regagne le troupeau des six cent autres veaux. Leur vol puissant les soulève dans le ciel matinal où, sous les yeux du curé, ils sont désormais la neige éternelle de la paie infinie du Créateur.

18 mars 1980

Le mauvais laitier n'est pas un écologiste

Le médecin, pendant sa tournée, a purifié les poumons d'un piano tendre et soulagé le ventre d'une horloge détruite par un laitier sale et brutal qui voulait aussi escalader un militaire.

Mais ce courageux militaire, au pelage de médailles, a ajouté des griffes pointues à son fusil et il s'est approché du laitier. Il lui a tiré dessus et l'a manqué. Alors, ce terrible personnage a fabriqué de l'huile et du savon avec le soldat.

Maintenant, dans une propriété, on ne se réjouit plus parce que la servante qui a terminé son service n'a plus qu'une tendresse inutile et n'est plus heureuse.

Cependant, dans la soirée, une averse continuelle remplie le crépuscule de cristal avec de profonds rosiers, et le paysage devient un palais où quatre curés hantent onze refrains, écrits sur des portées multicolores, à la louange du Seigneur.

Tout va mieux.
Le lugubre laitier ne détestera plus que des chaises dans les ravins et la recherche des énergies nouvelles.
La servante bavardera avec une oie.
L'horloge se mariera avec le piano.

22 février 1980

Spectacle de septembre

La journée, malgré sa propreté de pains vivants, a pourtant été sinistre. Les brebis ont longtemps pleuré avec des yeux fixes alors qu'elles écoutaient les dangers de la guerre remontés à la surface d'un drapeau. Et, dans le ciel, des muscles de boeufs ont grossi et ont semé sur les habitations des ombres cruelles. Mais, dans la soirée, après la bénédiction du curé, tout est redevenu calme.

Alors, le joyeux cultivateur s'est roulé dans son rustique veston en viande d'hirondelles pendant qu'il chantait des mélodies où des demoiselles pâles sautaient depuis un clocher sur du beurre farouche.

Une promeneuse sourde l'écoutait et, ravie et charmée, elle se coucha sous un peuplier inutile. Elle admirait le cultivateur parce qu'il brisait avec dignité ses bouteilles de raisins, et elle poussait mille soupirs carrés.

Mais quatre muscles de boeufs ivres fendirent leur lisse ciel natal et soupèrent de la sage demoiselle et du fier travailleur.

Le monde est désormais un parc sans amour où, seule une solitude fatiguée ne peut même plus rêver, penchée sur un pont illustre en préparation.

25 janvier 1980

Le divin coureur

Il courait rapidement, par une belle matinée, sur les étendues inférieures de la mousse du musée local. Quarante jours plus tard, il passait à l'étage de la misère où les grues électriques ouvraient des plaies méchantes, à coups de canif, dans les tendres épaules du silence. Il ne se sauvait jamais, mais, dans sa gorge s'enfermait les cantiques que lui avait appris son curé.

Il courait maintenant, parfaitement, sur un tapis de pendules sales qui, chaque jour, sonnait les huit heures chaudes du jugement dernier.
Il ne courait plus car, bientôt, soixante quatre jours après, il se retrouva à voltiger au-dessus de dangereux étudiants en injure, qui travaillaient dans un tapage d'époque. Il lui fallut reculer et se cacher parmi des livres qui remettaient des invitations pour découvrir un cortége de minuscules bergers qui montaient les voiles d'une chaumière.

Divin coureur, ton voyage aboutira à cette chaumière où coulent des vagues de lilas. Ta pensée songera que dans les allées qui sont toujours aménagées sur de la gelée de fraises, tes amis, désireux d'être amusés, pêchent des ours sans âge.

En attendant, il courait merveilleusement parce que l'espoir est sans mesure, mais s'évanouit parfois dans les promesses d'une soirée romaine, où rougissent des parfums sonores.

11 janvier 1980

Un capitaine unique

Depuis quatre ou cinq heures, les encriers migrateurs confondent les grenouilles et les wagons, qu'ils dévorent. Pendant que les voyageurs périssent, les virils agents de la gare rentrent les locomotives domestiques que les encriers noirs qui parcourent le ciel veulent mettre à cuir. "Je crois, se dit le subtil curé, qu'ils sont sans pitié ni religion. Et quelle rapidité dans leur besogne !". Soudain, un capitaine blanc tomba d'une échelle, ou d'un sapin sot, dans un camion très commun mais propre et utile. Pendant ce temps, au balcon d'une villa où elle s'affaiblissait, une gamine aux ailes de satin le regardait. " - Mademoiselle, quelques minutes nous reste pour traverser dans notre fuite cette étrange armée. - Votre proposition, monsieur, me fait revivre, répondit-elle. Mais j'ai laissé près de l'écluse mon corbeau à cornes, celui, vous savez, qui mire ses yeux douloureux dans les paniers de la poésie." La gare était une forge mortelle où les encriers indignes taillaient des jambes et des langues pour la mauvaise saison. Le noble capitaine couru à l'écluse, suivi de la pâle gamine. Maintenant, sur les rochers de la mer, ils jugent que les étoiles qui éclatent dans l'onde sont les éternelles fontaines d'une liberté en forme d'ailes brusques.